Etudes et enquêtes DMT 77 - Publication du GEMTO
HERNIES
DISCALES LOMBAIRES ET TRAVAIL
ÉTUDE DE 201 OBSERVATIONS CAS-TEMOINS
Les relations entre les contraintes du travail, son organisation et la pathologie lombaire ont fait l'objet de nombreuses études, mais essentiellement dans le domaine des douleurs déclarées. L'évaluation de ces douleurs est difficile. C'est pourquoi un groupe de médecins du travail (1) a entrepris une étude focalisée sur les cas bien définis de hernie discale lombaire (HDL) ayant bénéficié d'une intervention chirurgicale ou d'une chimionucléolyse. De ce fait, il s'agit de cas a priori sévères et rares, et les études sur le sujet sont moins nombreuses. L'étude, financée par la Direction régionale du travail de Picardie et le GEMTO, a cherché à mettre en évidence les facteurs de risque professionnels des HDL.
Introduction
L'éditorial de NM Hadler [1] paru dans le Journal of Environmental Medecine en octobre 1996 a pour titre "Regional back pain : predicament at home, Nemesis at work" que l'on peut traduire par "mal de dos, handicap à la maison, désastre au travail". Ce titre, outre l'évocation de Nemesis, déesse des châtiments, attire l'attention sur le retentissement des pathologies lombaires sur la vie domestique et sur le travail. Malgré la mécanisation et l'évolution technologique, les indicateurs de fréquence des pathologies lombaires n'ont pas évolué favorablement ces dernières décennies et celles-ci demeurent pour le médecin du travail, acteur de prévention, une priorité.
I. HISTOIRE DE L'ÉTUDE
I.1. Origine
Il paraissait intéressant d'utiliser les ressources du GEMTO, représentant
plus de cent trente mille salariés suivis, pour réaliser une enquête
épidémiologique. Pour être séduisant et adopté,
le sujet devait constituer une préoccupation importante et constante
pour tous les médecins quel que soit leur secteur d'exercice ; il est
assez vite apparu que la pathologie lombaire remplissait ses conditions, posant
à la fois des questions sur son origine, ses moyens de prévention,
ses conséquences, et sa réparation. Rappelons qu'à l'époque
de ces réflexions les tableaux de maladies professionnelles n°97
et 98 n'existaient pas encore. Il fallait enfin que la sélection des
cas soit aisée et leur nombre raisonnable pour chacun. C'est ainsi que
fut choisi puis délimité le sujet.
I.2. Mise en place
du projet
On procéda au recrutement des médecins enquêteurs, puis
il fut constitué un comité de pilotage de six médecins
"référents" qui avaient pour rôle d'élaborer
le projet, d'écrire le protocole, d'assurer un soutien aux enquêteurs,
de saisir les données recueillies et de participer à leur analyse.
L'un d'eux était chargé de centraliser et de contrôler les
données.
Cette structure permettait à la fois de disposer d'un groupe en étroite
relation, parfaitement informé à tous moments du détail
des travaux, et de permettre la remontée et les échanges d'idées
provenant de l'ensemble des enquêteurs.
I.3. Moyens
Compte tenu de l'importance de l'étude, de la finesse et de la puissance
demandées par certaines analyses, le groupe a fait appel à un
épidémiologiste de l'INSERM.
Les documents (protocole, notes d'information, compte rendus de réunions,
questionnaires) furent élaborés grâce à des outils
informatiques courants (tableur, traitement de texte), dont disposaient certains
médecins.
Les données furent enregistrées et principalement traitées
par le logiciel Epi Info 5.01b. Il fut conçu un programme de saisie sur
disquette, déclaré auprès de la Commission nationale de
l'informatique et des libertés (CNIL) et dont chaque médecin référent
possédait un exemplaire. Les données échangées étaient
anonymes, seul le médecin ayant décrit la cas conservant la correspondance
entre le numéro d'identification de chaque enregistrement et le nom de
la personne. Les médecins référents effectuaient ainsi
l'enregistrement pour chacun des sujets étudiés et, périodiquement,
en adressaient, également sur disquette, la totalité au médecin
chargé de la centralisation des données, qui procédait
à des opérations de contrôle et de correction à la
recherche des incohérences, oublis, fautes de frappe, doublons. Une information
complémentaire ou corrective était parfois demandée directement
auprès du médecin enquêteur.
Les analyses donnèrent lieu à de nombreuses discussions entre
les membres du groupe de pilotage et l'épidémiologiste, visant
à les compléter et les affiner. Une analyse multivariée
fut effectuée en complément grâce au logiciel BMDP du centre
de ressources informatiques de l'INSERM.
Enfin la restitution des résultats fut faite aux enquêteurs et
aux différents CHSCT.
I.4. Apports de
l'informatique - Evolution des moyens
Une telle étude, compte tenu du nombre d'enregistrements et d'items,
aurait, il y a dix ans, nécessité des moyens lourds en matière
d'informatique et de secrétariat. Désormais des médecins
du travail de terrain peuvent, avec des moyens simples et largement répandus,
réaliser des enquêtes épidémiologiques fines sur
des populations importantes. Le logiciel Epi-Info, facilite considérablement
les opérations de collecte et de traitement des données. Il est
libre de droit, et fonctionne sur des micro-ordinateurs même anciens et
peu puissants.
II. MATÉRIEL ET MÉTHODES
II.1. Type d'enquête
Il s'agit d'une étude cas-témoins portant sur les cas incidents
de HDL confirmés chirurgicalement relevés durant les deux années
1995 et 1996, au sein d'une population source comptant 63 700 salariés,
appartenant à 2 998 entreprises de secteurs d'activité variés
dans le département de l'Oise. L'enquête a été menée
par 35 médecins du travail appartenant dans leur majorité à
des services interentreprises.
Les salariés en contrat à durée déterminée,
les intérimaires et ceux ayant moins de deux ans d'ancienneté
dans leur entreprise ont été exclus afin de pouvoir obtenir des
informations fiables sur les postes de travail et faciliter ultérieurement
un suivi longitudinal.
Pour chaque cas, le témoin était le troisième sujet apparié
sur l'âge et le sexe se présentant à la visite médicale
du travail, venant d'une entreprise différente de celle où travaillait
le cas.
Un questionnaire comprenant 124 questions fermées (annexe 1) était
rempli par le médecin au cours d'un interrogatoire lors de la visite
de reprise. Les questions concernaient les caractéristiques socio-démographiques,
les activités domestiques, les antécédents, la description
de la hernie discale et de son traitement, les activités professionnelles,
les caractéristiques du poste principal de travail (75 % du temps de
travail) et du poste secondaire au moment de l'arrêt de travail et dans
le passé. De plus, les sujets devaient remplir un autoquestionnaire comportant
12 questions sur la perception de leur travail (intérêt, autonomie,
ambiance).
II.2. Méthodes
statistiques
Nous avons dans un premier temps examiné les facteurs ou caractéristiques
pouvant différencier les cas et les témoins au moyen du test du
X2 pour les paramètres qualitatifs et de l'analyse de variance pour les
paramètres quantitatifs.
Les tests portent séparément sur les hommes et sur les femmes,
éventuellement limités au sexe masculin quand les effectifs féminins
sont insuffisants. Un test est statistiquement significatif dès que la
valeur du "p" de signification est inférieure à 5 %.
En outre, pour les paramètres professionnels, on a calculé les
odds ratios et leur intervalle de confiance à 95 %.
Ensuite une analyse multivariée à l'aide d'un modèle de
Cox a porté sur l'ensemble des facteurs séparant d'une façon
statistiquement significative les cas et les témoins dans l'analyse bivariée.
Afin d'obtenir des odds ratios où chaque facteur est ajusté sur
les autres, on a forcé toutes les variables associées aux différents
facteurs dans le modèle.
Dans le modèle présenté, il n'a pas été adjoint
les facteurs relatifs à la perception des conditions de travail du fait
des surajustements avec les autres facteurs. Par ailleurs, les analyses préliminaires
portant sur les hommes et sur les femmes uniquement conduisant aux mêmes
résultats, nous n'avons pas tenu compte du sexe dans l'analyse présentée
afin de renforcer la puissance statistique.
III. RESULTATS
Au total, 228 cas ont été recensés, correspondant à
une incidence annuelle de 179 pour 100 000 dans la population de salariés
étudiée. L'étude porte sur les 201 cas et les 201 témoins
qui ont accepté de participer à l'étude.
III. 1 Caractéristiques
des cas
Sur les 201 cas de HDL figuraient 146 hommes (72,6 %) et 55 femmes (27,4 %).
L'âge moyen était de 41,3 ans pour les hommes (écart type
7,9 ans), et de 39,5 ans pour les femmes (écart type 6 ans). Les tranches
d'âge des 30-39 ans et des 40-49 ans étaient les plus représentées
avec respectivement 39 % et 44 % des cas, quel que soit le sexe.
La classification professionnelle utilisée était dérivée
de la nomenclature INSEE PCS 1983. La catégorie la plus représentée
était celle des ouvriers (119 cas, 93 témoins). Les secteurs professionnels
les plus souvent retrouvés étaient : la métallurgie (43
cas), la chimie (22 cas), le BTP (22 cas), les industries alimentaires (14 cas),
les industries des caoutchoucs et plastiques (18 cas) et le secteur santé
et action sociale (9 cas).
III.2. Antécédents,
caractères de la pathologie, conséquences
Dans notre échantillon, 92,6 % des porteurs de hernie discale présentaient
des antécédents rachidiens de type lombalgies, lumbagos ou lombo-sciatalgies.
La notion d'un événement déclenchant précis à
l'origine de la pathologie a été retrouvée chez seulement
23,3 % des hommes et 29,1 % des femmes ; en particulier pour neuf hommes et
quatre femmes, la HDL a été consécutive à un accident
du travail déclaré et reconnu par la Sécurité sociale.
Le niveau L4-L5 a été retrouvé 76 fois chez les hommes
(52 %) et 25 fois chez les femmes (45,4 %), le niveau L5-S1, chez 64 hommes
(43,8 %) et 28 femmes (50,9 %).
La durée moyenne de l'arrêt de travail a été de 4,8
mois (écart type 4,1), sans différence significative entre les
hommes et les femmes. Un certain nombre de facteurs sont apparus liés
à une augmentation statistiquement significative de la durée de
l'arrêt de travail : l'âge supérieur à 40 ans, un
niveau d'instruction bas, l'absence de pratique d'un sport, un poste de travail
antérieur impliquant des manutentions, les notions perçues de
"travail dur" et d'absence de "bonne ambiance au travail"
rapportées dans le vécu des salariés.
Lors de la visite de reprise, l'aptitude au poste antérieur a représenté
53 % des avis, l'aptitude avec contre-indication 31 %, les demandes de mutation
suivies d'effet ont concerné 10 % des cas. Les décisions d'inaptitude
ont touché 12 des sujets porteurs de HDL, soit 6 %.
La reprise du poste de travail occupé avant l'intervention a été
un peu plus fréquente chez les hommes (55 %) que chez les femmes (47
%). L'âge moyen des inaptes définitifs (50 ans) était plus
élevé que celui des sujets aptes à reprendre un emploi
(41 ans).
III.3 Comparaison
des cas et des témoins. Analyse bivariée
III.3.1. Facteurs individuels et activités extraprofessionnelles
Pour la plupart des facteurs étudiés (tableau I), il n'y avait
pas de différence statistiquement significative entre les cas et les
témoins. Ainsi, il n'a pas été mis en évidence d'association
avec chacune des activités domestiques ordinaires (sport, bricolage,
jardinage, coupe de bois).
Parmi les facteurs individuels, les antécédents lombaires étaient
beaucoup plus fréquents chez les cas (respectivement 68 % d'hommes, 25
% de femmes) que chez les témoins.
L'indice de masse corporelle était également en moyenne plus élevé
chez les cas par rapport aux témoins, mais uniquement chez les hommes.
III.3.2. Facteurs professionnels
La répartition des cas et des témoins au travers des catégories
socioprofessionnelles fait apparaître comme principale différence
l'existence, parmi les cas, d'un nombre plus important d'ouvriers que parmi
les témoins (p < 0,01).
Il n'a pas été mis en évidence de différence significative
entre cas et témoins sur l'ancienneté dans l'entreprise, l'ancienneté
dans le poste de travail ni l'âge du début de port de charges.
Chez les hommes, il apparaît que les cas ont commencé à
travailler plus jeunes que les témoins (16,5 ans en moyenne contre 17,6ans,
p = 0,001).
III.3.3. Postures
Les postures impliquant d'une façon dominante le tronc en rotation ne
sont pas apparues liées aux HDL, autant globalement en terme d'exposition
sur le dernier poste de travail ou dans le passé professionnel, qu'en
terme de durée d'exposition (tableau II).
En revanche, la notion d'inclinaison du tronc est apparue comme un facteur de
risque de HDL, surtout quand il s'agissait de la posture inclinaison-rotation.
Dans ce cas, le lien avec les HDL apparaissait tant qualitativement (exposition
sur le dernier poste, ou exposition passée) que quantitativement avec
la durée d'exposition (tableau II).
Pour la posture assise (tenue au moins 75 % du temps de travail), l'odd ratio
de 0,8 (intervalle de confiance entre 0,49 et 1,16) approche de la significativité
et évoquerait plutôt un rôle protecteur.
III.3.4. Manutention
La manipulation de charges lourdes (tableau III) a été retrouvée
d'une façon plus fréquente chez les cas que chez les témoins,
pour chacun des deux sexes, avec des différences très significatives.
Il n'y avait pas de différence entre les durées moyennes d'exposition.
La masse moyenne quotidienne manutentionnée était significativement
plus élevée chez les cas par rapport aux témoins, mais
uniquement chez les hommes.
La notion de manipulation avec à-coups ou élan différait
fortement entre les cas et les témoins (70 % chez les premiers, 47 %
chez les seconds, p < 0,01).
III.3.5. Autres facteurs professionnels
Les activités de conduite (automobile, poids lourds, engins), l'utilisation
d'outils vibrants, le travail aux intempéries, les déplacements
à pied sur sol glissant, les horaires postés ont également
fait l'objet de comparaisons entre cas et témoins. Aucun de ces facteurs
ne différait entre les cas et les témoins.
III.3.6.Vécu du travail (tableau IV)
Le vécu du travail a été déclaré plus souvent
plutôt négatif chez les cas que chez les témoins pour la
plupart des items.
Toutefois, trois facteurs présentaient un lien statistiquement significatif
avec les HDL : juger "les postures de travail fatigantes", trouver
son "travail plutôt dur physiquement" et déclarer une
"mauvaise ambiance de travail" du point de vue des relations avec
les collègues. Un quatrième facteur était à la limite
de signification statistique : le sentiment de faire des "sacrifices de
qualité" dans son travail.
III.4. Comparaison
des cas et des témoins. Analyse multivariée (tableau V)
Les différents facteurs qui sont apparus associés aux HDL, dans
les analyses bivariées, ont été examinés simultanément
au moyen d'une régression logistique. A ces facteurs, on a conservé
le fait d'être fumeur ou non compte tenu des incertitudes de la littérature,
de même que le fait d'avoir ou non des enfants. Le niveau scolaire a été
introduit également afin d'être certain de ne pas laisser échapper
une source de variation en dehors des paramètres professionnels ou non
professionnels étudiés.
Les résultats portant sur l'ensemble de l'échantillon, et ceux
limités au sexe masculin, apparaissent sensiblement identiques. Les antécédents
lombaires sont associés à l'odds ratio le plus élevé
et donc représentent le facteur de risque le plus important. Parmi les
éléments professionnels, ceux relatifs aux postures et au port
de charges apparaissent avec des odds ratio significatifs et sont donc des facteurs
de risque indépendants. Il est intéressant de remarquer que l'inclinaison-rotation
en posture dominante est apparue comme facteur de risque, même quand elle
se rapporte à des postes de travail occupés dans le passé.
La rotation du tronc en posture secondaire (c'est-à-dire moins de 75
% du temps de travail) se présente aussi comme un facteur de risque des
HDL La notion de charges à porter avec à-coups ou élan
est également associée à la survenue de hernie discale.
Plusieurs analyses ont été menées en faisant varier les
critères associés aux ports de charges lourdes (notion de prise
au sol, masse moyenne manipulée). Ces analyses ont toutes montré
des odds ratios statistiquement significatifs associés au port de charges
lourdes sans changer les valeurs des odds ratios associés aux autres
facteurs.
Les autres paramètres étudiés, dont on ne peut pas totalement
exclure le rôle, apparaissaient néanmoins comme secondaires après
les facteurs professionnels. C'était le cas du facteur "tabac",
de la corpulence, du fait de construire soi-même sa maison. On notera
que le fait d'avoir des enfants irait plutôt dans le sens protecteur et
que le lien avec le niveau scolaire n'a pas été mis en évidence.
Le même modèle, testé en ajoutant les facteurs relatifs
à la perception des conditions de travail (sauf le facteur "les
postures sont-elles fatigantes pour le dos"), ne met pas en évidence
un effet statistiquement significatif. Par contre, quand le modèle est
limité au sexe féminin, deux paramètres supplémentaires
apparaissent dans un sens défavorable pour les HDL : "travail avec
sacrifice de la qualité" d'une part et "travail qui ne permet
pas d'apprendre" d'autre part, les autres facteurs restant inchangés.
IV. DISCUSSION
IV. 1 Synthèse
des résultats
Cette étude a mis en évidence le rôle défavorable
des postures de travail dans la survenue des hernies discales, en particulier
les postures impliquant des inclinaisons-rotations du tronc, et le mode de soulèvement
des charges. La notion d'à-coups et / ou d'élan dans le soulèvement
apparaît comme un facteur de risque. Les HDL paraissent fortement liées
aux antécédents lombaires et au début de vie active à
un âge jeune.
Par rapport à la population source, compte tenu de la nature de l'affection
et du temps relativement faible entre l'occurrence de la maladie et l'inclusion
dans l'enquête, il est peu probable que beaucoup de cas aient pu échapper
à l'étude. La sanction chirurgicale constitue un indice assez
sûr de la réalité des lésions. En dehors des critères
d'exclusion, la population source était non sélectionnée
et correspondait à l'ensemble des salariés suivis par les médecins
du travail de l'Oise participant à l'enquête.
Le recrutement des témoins est une source habituelle de biais. Dans cette
étude, les témoins ont été choisis dans la même
population source, ce qui minimise les différences sur les facteurs non
professionnels mais aussi sur les facteurs professionnels, même si, l'appariement
étant fixé sur l'âge et le sexe, les témoins n'étaient
pas choisis dans la même entreprise que celle des cas.
Le biais le plus important suspecté reste celui associé au mode
de recueil des informations, par définition rétrospectif. On ne
peut pas exclure tout biais d'indication dans le sens d'une surestimation des
expositions chez les cas. Mais il faut noter qu'à l'inverse des études
cas témoins classiques, ce n'était pas le sujet qui évaluait
ses caractéristiques professionnelles, mais le médecin du travail,
celui-ci ayant une bonne connaissance des postes de travail.
Il n'en est pas de même pour les facteurs psychosociaux qui ont été
évalués à partir d'un auto questionnaire, pour lesquels
un biais d'indication ne peut pas être exclu.
IV.2. Comparaison
avec la littérature
IV.2.1. Incidence et âge
L'incidence de la HDL, dans la population générale, a été
évaluée dans divers pays. Aux Etats-Unis [2], sur une période
allant de 1950 à 1979, l'incidence annuelle est de 52,3 / 100 000 pour
tout type d'intervention, le risque d'être opéré une nouvelle
fois d'une hernie discale étant multiplié par 10 par rapport à
la population générale. Deux études [3], l'une rétrospective,
l'autre prospective, menées en Suisse dans la tranche 20-69 ans d'une
population estimée à 360 000 habitants retrouvent respectivement
une incidence de 41 / 100 000 et 43 / 100 000 environ. Heliovaara [4] note en
Finlande une incidence comprise entre 31 et 36 cas / 100 000. L'évolution
rapide des indications opératoires rend toutefois les comparaisons difficiles
entre les périodes : ainsi selon les acquisitions les plus récentes
[5], on admet que l'évolution spontanée des hernies discales est
la guérison et que seules des conditions anatomiques défavorables
et des mécanismes biologiques de résorption insuffisants peuvent
conduire à la poursuite du conflit rendant l'exérèse de
la hernie nécessaire. C'est ainsi que se sont réduites dernièrement
les indications opératoires.
L'incidence des HDL dans notre étude (179 / 100 000) est ainsi très
supérieure à celle retrouvée dans la littérature.
Le recrutement exclusif au sein d'une population active et les incidences particulièrement
élevées dans deux secteurs d'entreprises du bâtiment (2
377 salariés) et de la métallurgie (1 736 salariés) (respectivement
de 420 pour 100 000 et 520 pour 100 000) sont susceptibles de l'expliquer. La
prédominance masculine dans cette étude est plus marquée
que dans les séries publiées [2, 3, 6, 7, 8]. Selon Kelsey et
Osfeld [9], les hommes n'ont pas plus de hernie discale que les femmes avant
intervention, mais les hommes sont plus souvent opérés afin de
reprendre rapidement leur emploi. Bien que le lien entre hernie et dégénérescence
discale ne soit pas démontré, Muller[10] a mis en évidence
sur une série de 600 autopsies une atteinte dégénérative
plus importante chez les hommes que chez les femmes à tous les âges
au-delà de 10 ans.
L'âge moyen des porteurs de HDL dans la série rapportée
ici, est de 41,3 ans pour les hommes et de 39,5 ans pour les femmes. Mundt [11],
dans une série de 177 hernies discales confirmées, retrouve un
âge moyen de 43 ans pour les hommes et 44 ans pour les femmes. Dans une
autre étude [2], sur une série de 1 028 opérations de hernies
discales concernant 909 patients, l'âge moyen est de 42 ans (41,5 ans
pour les hommes, 42 ans pour les femmes). Dans cette étude, le pic de
fréquence est plus précoce (35-39 ans) chez les ruraux que chez
les citadins (40-44 ans), un second pic (55-59 ans) est observé dans
la population urbaine mais pas chez les ruraux et l'incidence des hernies discales
est supérieure chez les femmes vivant en milieu urbain. Un âge
moyen de 43,7 ans pour les hommes et de 44,6 ans pour les femmes est retrouvé
dans une étude rassemblant 289 cas [3]. On retient de ces études
que les HDL touchent essentiellement les tranches d'âge de 30 à
60 ans en période d'activité professionnelle.
La topographie des 201 HDL décrites ici est voisine de celles de la littérature
[7, 12].
IV.2.2. Facteurs individuels de risque des HDL
De multiples facteurs ont été étudiés mais leur
incidence est difficile à définir compte tenu de l'évolution
récurrente ou chronique des lombalgies. J Coste et J B Paolaggi [13]
ont, en 1989, passé en revue les résultats publiés sur
le sujet. Ceux-ci demeurent contradictoires.
La surcharge pondérale n'apparaît pas associée à
la survenue d'une HDL [6, 14, 15] bien qu'une relation soit observée
dans certains cas [16]. Dans l'étude ici décrite, les cas et les
témoins ont une taille identique, et l'index de masse corporelle est
retrouvé supérieur uniquement chez les hommes.
Une sciatique est souvent associée à la grossesse mais le nombre
d'enfants élève probablement peu le risque de HDL [17]. Il n'a
pas, ici, été retrouvé de différence significative
en ce qui concerne le nombre d'enfants, y compris le nombre d'enfants de moins
de 5 ans, entre les porteurs de hernie discale et les témoins. Cependant,
un risque accru de HDL a été mis en évidence chez les patients
soulevant fréquemment des objets ou des enfants d'un poids de 12,5 Kg
et plus, les genoux droits et le dos courbé [18].
L'association entre tabac, lombalgies et hernie discale a été
rapportée [9,15] mais reste controversée et diversement expliquée
: perturbation du métabolisme au niveau du disque, augmentation des pressions
intra-discales lors de la toux, effets fibrinolytiques du tabac. Dans l'étude
présentée ici, il n'a pas été retrouvé d'association
significative entre la consommation de tabac et la survenue d'une HDL
La responsabilité du sport dans la hernie discale lombaire apparaît
limitée [15, 19]. Mundt [18] montre, dans une étude épidémiologique,
que la pratique de la plupart des sports (base-ball, golf, natation, plongée,
jogging, sports de raquette), n'est pas associée à un risque plus
élevé de hernie discale et pourrait même être protecteur.
L'étude présentée ici ne fait apparaître aucun lien
entre les HDL et la pratique du sport. De même, dans cet échantillon
les loisirs n'ont pas d'effets défavorables. Dans les études portant
sur les lombalgies [20, 21] et l'Enquête Santé, Travail et Vieillissement
(ESTEV) [22, 23], les activités de bricolage et de jardinage n'interviennent
pas de façon défavorable.
Par contre, on retrouve que les antécédents rachidiens sont très
fortement corrélés avec la survenue d'une HDL. Quelle que soit
leur origine, les antécédents douloureux lombaires apparaissent
ainsi être un élément important à prendre en compte,
et plus particulièrement chez les opérés exposés
à un risque accru de nouvelle hernie discale. Riihimäki [24] signalent
que l'existence d'antécédents douloureux lombaires est le meilleur
indicateur prédictif concernant la survenue de HDL. L'existence d'un
lien entre anomalie vertébrale et lombalgies demeure controversé.
Jensen [19] pense que la découverte d'un débord ou d'une protrusion
discale chez un patient lombalgique n'est souvent qu'une coïncidence. Hsu
[12] retrouve, sur les examens par résonance magnétique nucléaire
réalisés chez des patients qui ont des atteintes discales lombaires
hautes isolées, des anomalies telles que maladie de Scheuerman, fracture
ancienne, rétrolisthésis, instabilité segmentaire. Une
étude [25] a par ailleurs mis en évidence l'existence d'une prédisposition
génétique non liée au système HLA chez les patients
lombalgiques et opérés de hernie discale avec, parmi les facteurs
d'environnement associés, le travail sédentaire et la conduite
automobile significativement plus fréquents que le travail manuel.
IV.2.3. HDL et travail.
L'association HDL et travail peut être abordée de manière
globale à partir des professions ou selon les facteurs associés
au travail. La survenue plus fréquente des HDL dans les tranches d'âge
de la vie professionnelle évoque un lien entre hernie discale et travail,
mais Berney [3] constate que l'inactivité professionnelle chez les hommes
ne les protège pas de la survenue d'une hernie discale alors que cela
semble être le cas chez les femmes. Heliovaara [4] retrouve un risque
accru de hernie discale chez les hommes travaillant en usine et dans les classes
sociales les moins favorisées. Ici, comme dans celle de Berney [3], il
est observé que le début de la vie professionnelle diffère
significativement chez les hommes entre cas et témoins (16,5 ans contre
17,6 ans), et que l'appartenance à la catégorie ouvriers domine
chez les porteurs de HDL. Ces résultats suggèrent que les emplois
non qualifiés occupés plus tôt que les emplois qualifiés
exposent, par leur pénibilité ou les contraintes associées,
à un risque de hernie discale.
Comme pour les lombalgies, l'incidence des hernies discales dans les différents
secteurs professionnels a fait l'objet de nombreuses études. Un risque
élevé est noté chez le personnel soignant notamment en
France [20, 26, 27, 28, 29, 30] et la forte prévalence des HDL a fait
préconiser l'inscription de la rachialgie mécanique d'origine
discale dans un tableau de maladie professionnelle chez les aides soignantes
et apparentées [31]. Heliovaara [17] note un risque de hernie discale
plus élevé dans l'industrie et les emplois de services que chez
les employés pris comme groupe de référence mais ne retrouve
pas de différence pour les salariés agricoles et les forestiers.
Riihimäki [24] observe le même type de différence entre des
"cols bleus" et des employés de bureau. Chez les aviateurs
de l'armée américaine, l'incidence des HDL a tendance à
croître au cours du temps sans que soient retrouvés de facteurs
autres que l'élévation de l'âge de la cohorte suivie et
l'amélioration des moyens diagnostiques [32].
Les travaux physiques lourds, les manutentions, les contraintes posturales sont
des facteurs reconnus de dégénérescence discale, de lombalgies
et de sciatiques [15, 17]. Dans l'étude présentée ici,
il apparaît une différence significative entre les porteurs de
hernie discale et les témoins pour les postes de travail imposant une
flexion du tronc pour les femmes, et une inclinaison-rotation dans l'ensemble
des cas. En ce qui concerne les manutentions, la masse manutentionnée
est significativement différente pour les hommes, ainsi que la notion
d'à-coups, d'élan pour soulever les charges entre les cas hommes
et femmes et les témoins.
Kelsey [33] trouve également un risque accru de hernie discale lombaire
chez les travailleurs soulevant des charges notamment lorsqu'un mouvement de
torsion est nécessaire. Les études in vitro ont montré
qu'un disque se prolabe plus facilement lors d'un effort de flexion chez les
sujets de 40-50 ans ayant une dégénérescence discale débutante
[34]. Par ailleurs, il a été démontré que le prolapsus
discal est à l'origine périphérique et que l'atteinte pathologique
initiale se situe au niveau de l'annulus [35, 36]. Les variations importantes
de la pression intra-discale lors des différentes postures et du port
de charges ont été clairement démontrées et ces
données sont largement utilisées en prévention. Des critères
acceptables ont été proposés pour le soulèvement
d'une charge, notamment par le National Institute for Occupational Safety and
Health [37, 38], et sont une aide pour les préventeurs sans cependant
garantir une totale sécurité [39].
Bien que la fixité posturale soit un facteur de risque reconnu expliqué
par l'élévation de la pression intra-discale et la réduction
des échanges nutritifs au niveau du disque intervertébral [40],
la station assise prolongée et la conduite de véhicules ne sont
pas plus fréquemment retrouvées chez les porteurs de hernie discale
de la série rapportée ici.
De même est-il apparu surprenant de ne pas faire apparaître parmi
les facteurs de risque la conduite de véhicules (poids lourds, chariots
automoteurs) dont on connaît bien le rôle exposant aux vibrations
de basse fréquence transmises au corps entier. Plusieurs autres études
ont en effet montré un risque accru de hernie discale vis à vis
de ces activités [6 -Heliovaara M., Knekt P
], [24 - Riihimäki
], [à numéroter : Saint-Eve P., Donati P. Prévention
des risques dorsolombaires liés à la conduite des chariots élévateurs.
Documents pour le médecin du travail, n°54, 2ème trimestres
1993, pp 141-148]. Kelsey [15] a par exemple observé un risque de hernie
discale multiplié par 3 chez les sujets conduisant un véhicule
plus de 50 % de leur temps de travail.
Ont également été abordés les aspects psychologiques
sous l'angle du vécu du travail. Le travail ressenti comme "dur",
l'absence d'une "bonne ambiance au travail" interviennent comme des
éléments défavorables sur la durée de l'arrêt
de travail. En analyse multivariée ces facteurs paraissent secondaires
derrière les caractéristiques physiques des postes de travail,
sauf chez les femmes pour lesquelles "ne pas apprendre" et "travailler
au prix du sacrifice de la qualité" pourraient favoriser la survenue
d'une hernie discale lombaire. Ceci suggère aussi des différences
entre les hommes et les femmes portant, d'une part sur les conditions de travail
(terme dont les mots ne représentent pas toujours les mêmes réalités)
et d'autre part sur la relation au travail qui n'est pas vécue de la
même façon. Certaines études [4] citent la détresse
psychologique comme facteur favorisant des hernies discales chez les femmes.
On note aussi que les variables psychologiques sont retenues comme un facteur
à haut risque de chronicisation des douleurs radiculaires aiguës
[41]. En revanche, Germanaud [29] ne retrouve pas, parmi les opérés
de son étude, une consommation d'antidépresseurs et de somnifères
supérieure à celle de la population générale française.
Une consommation excessive d'alcool est notée chez les patients atteints
de sciatique sans qu'il soit possible de préciser s'il s'agit d'une cause
ou d'une conséquence [6].
TABLEAUX STATISTIQUES
Voir ici les résultats
CONCLUSION
L'étude rapportée
ici présente la particularité d'avoir été menée
pour les cas comme pour les témoins, dans une population active appartenant
à des secteurs d'activités variés à forte composante
industrielle, par des médecins du travail qui ont eux-mêmes collecté
les informations professionnelles au plus près des postes de travail.
Les résultats confirment la plupart des données de la littérature,
en particulier l'âge de survenue, la topographie des hernies, le rôle
des antécédents rachidiens, de la catégorie professionnelle,
de la manutention et des contraintes posturales. Certains s'en distinguent :
l'incidence, ici particulièrement forte, l'influence non retrouvée
du tabac, de la posture assise, de la conduite de véhicules et des vibrations
corps entier.
Surtout, l'étude détaillée des contraintes physiques, prenant
notamment en compte l'historique professionnel, démontre une association
avec l'inclinaison antérieure du tronc et l'inclinaison-rotation actuelle
ou passée, la notion d'efforts avec à-coups ou élan lors
des manutentions.
Ces résultats conduisent inévitablement à insister sur
la lutte contre les facteurs de risque décrits. Celle-ci, centrée
sur une démarche ergonomique, comprend l'amélioration des postes
de travail, la formation à la manutention au poste de travail et la prise
en compte des facteurs psychosociaux dont a été confirmée
ici la participation.
Ces pathologies sont maintenant reconnues comme maladies professionnelles et
leurs coûts, désormais directement imputés aux entreprises,
constituent une incitation supplémentaire très forte à
la prévention, qui devrait ainsi s'intensifier. Les données apportées
ici pourront contribuer à guider les préventeurs dans leurs actions.
G. Araszkiewirz
1,4, E. Tumerelle 2,4, B. Méry 2,4, C. Hoornweg
3,4, G. Colas des Francs 3,4, J.-J. Fuks 4,6, F. Derriennic
5.
Médecins
du GEMTO ayant participé à l'étude : les Docteurs
Alberdi V., Araszkiewirz I., Blanchin E., Ciebien J., Colas des Francs G., Damois
A., Danest N., Delahaigue D., Fraysse MD ., Fonferrier H., Fournier M ., Gogibus
C ., Guyot C., Lalin H .,Leconte O ., Legent M., Leguilloux F ., Linossier L.,
Luc N ., Nivet F ., Orlowski E ., Pamphile S ., Plessier C ., Sauvet C ., Suchet
F ., Tam-tsi S ., Thuillier F ., Vignault C., Villeger C ., Villemain N.
- Christine Monfort, assistante ingénieur à l'INSERM, qui a aidé
dans l'exploitation statistique
- la Direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle
de Picardie pour son soutien dans la réalisation de cette étude.
1 - France Glaces Findus
Nestlé, Rue Charles Tellier, 60000 Beauvais
2 - Médecine du travail de la Vallée de l'Oise (MTVO), 12 rue
des réservoirs, 60200 Compiègne.
3 - Médecine du travail interprofessionnelle - service interentreprises
de santé au travail (MEDISIS), 240, avenue Marcel Dassault, 60000 Beauvais
4 - Groupement d'Etude des Médecins du Travail de l'Oise (GEMTO), 2,
rue Pierre-Emile Leprat, 60500 Chantilly.
5 - INSERM U170, 16, Avenue Paul Vaillant Couturier, 94807 Villejuif Cedex.
6 - Service médical interentreprises du bâtiment et des travaux
publics (SMIBTP), 240, avenue Marcel Dassault, 60000 BEAUVAIS
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